L'actualité de la crise: e la nave va, par François Leclerc

Billet invité.

E LA NAVE VA (*)

Est-ce un sommet de l’Union européenne de la dernière chance qui va se tenir avec succès jeudi prochain à Bruxelles, en vue de résoudre la crise grecque ? Rien n’est moins sur, en dépit des expectatives. Car l’incertitude continue de régner au sein de la zone euro à propos du marché de la dette souveraine et de la résorption des déficits publics. La ligne de conduite des principaux gouvernements semblant masquée ou indécise, sans doute les deux à la fois. Mais elle est porteuse, dans les deux cas, de dangers potentiels qui pourraient se révéler sous-estimés.

Il est peu probable que des décisions claires sortent de la réunion de jeudi. Au contraire, on peut s’attendre à l’expression de nouvelles circonvolutions à propos de la coordination des politiques budgétaires et financières, à la recherche d’un modèle toujours introuvable de gouvernance européenne. Sans qu’un signal clair ne soit donné aux marchés, à qui la parole a été donnée et qui vont vouloir la conserver.

En ce début de semaine, les Espagnols étaient à l’offensive pour contrer la menace qui pèse sur eux. José Luis Rodriguez Zapatero, le chef du gouvernement, avait déjà dénoncé « les analystes créateurs d’opinion sur l’euro ». José Manuel Campa, le secrétaire d’Etat à l’Economie, a engagé ce même jour un séjour londonien et multiplie les rendez-vous à la City. José Blanco, le ministre des transports, a déclaré à Madrid : « On assiste à des manoeuvres troubles et a une résistance très claire à un contrôle et une régulation accrus des marchés » provenant de « ceux qui sont à l’origine de la crise, à savoir les spéculateurs financiers internationaux ».

Afin d’anticiper l’évolution de la crise, les analystes financiers en mal de boule de cristal scrutent l’évolution de leurs indicateurs favoris, les Credit-Defaut Swaps (CDS), ces contrats d’assurance dont les primes sont dans le cas présent censées mesurer le risque attaché aux obligations d’Etat, mais qui en réalité expriment une spéculation financière sans rapport avec le risque lui-même (comme l’explique Paul Jorion dans sa chronique de BFM).

Pour leur part, les commentateurs politiques cherchent à pénétrer le sens des déclarations distillées par les ministres allemand et français, ainsi que par les hiérarques de Bruxelles et le grand prêtre de la BCE. S’interrogeant sur la stratégie suivie par les gouvernements forts de la zone euro.

Tout le monde se retrouve d’accord pour constater que la dépréciation de l’euro par rapport au dollar – qui découle de la crise actuelle – n’est pas pour déplaire. Ni aux Français qui la réclamaient en vain depuis plusieurs années aux autorités monétaires de la BCE, ni aux Allemands pour qui celle-ci représente une chance supplémentaire de renforcer leur relance, étant donné le poids de leurs exportations dans leur PIB.

Faut-il alors penser que l’intransigeance manifestée à l’égard d’Athènes, laissée seule dans l’épreuve et la tourmente, n’a pour objectif que d’obtenir grâce à la réaction des marchés ce qu’il n’était pas possible de faire en utilisant la boîte à outils de la BCE ? Celle-ci étant mobilisée pour soutenir de dollar, ainsi que les autres banques centrales, afin d’éviter qu’il ne chute d’avantage. Cela serait comme jouer avec des allumettes à côté d’un bidon d’essence.

Une autre raison, plus politique, est largement exposée dans la presse. Toute aide apportée à la Grèce aurait deux implications, qui seraient autant d’inconvénients : 1/ mutualiser la dette grecque la ferait partiellement financer (ou garantir, un moindre mal) par les pays forts, ce qui pourrait être mal vécu par ceux qui vont devoir serrer leur ceinture en leur sein ; 2/ renforcer un aléa moral, ce qui serait peu incitatif pour les autres pays de la zone euro, à qui il est demandé de suivre le chemin de l’austérité.

Une troisième grille de lecture est également plus discrètement proposée. La clé de la crise actuelle serait à Berlin, dont les intentions vis à vis de la zone euro sont suspectées. Comme si les Allemands pouvaient avoir choisi d’utiliser le levier des marchés pour imposer une reconfiguration de la zone euro ; recentrée autour des pays les plus forts, déportée vers l’Est (Pologne, Tchéquie et Solvaquie, qui ont mieux résisté à la crise) au détriment du Sud. De la même manière qu’ils avaient procédé à la réunification de l’Allemagne, au moment de la chute de la RDA (l’Allemagne de l’Est), dans des conditions financières qui en avaient fait de facto partager le coût à leurs partenaires. Somme toute par intérêt national, n’étant pas prêts à renvoyer l’ascenseur.

Il y a sans doute dans la situation actuelle un peu de tous ces calculs à la fois. La réflexion se déplaçant alors pour porter sur le risque systémique qu’elle génère. En se demandant : « jusqu’où leur est-il possible de ne pas aller  ? » (avant que la situation ne dérape). Afin d’y répondre, un premier niveau d’analyse sommaire s’est à tort vite imposé. On a parlé poids respectifs des PIB et considéré que ceux de la Grèce, ou du Portugal, étaient quantité négligeable comparé à celui de la zone euro. Gêné pour s’en tenir à cette analyse, lorsque le sort de l’Espagne a été ensuite posé sur le tapis. Il a donc alors fallu se résoudre à commencer à rechercher ces causes discrètes des enchaînements systémiques, que l’on ne voit toujours que lorsqu’il est trop tard.

En se résolvant à soupeser les engagements qui pourraient avoir été pris au sein du système financier, notamment par les banques allemandes auprès de leurs consoeurs des pays du Sud. Ou ayant fortement investi dans des obligations de l’Etat espagnol, lorsqu’elles ont cherché un refuge relatif au sein de la zone euro, sans se douter qu’elles échangeaient un risque de change contre un risque de dette. On a fini par se demander, ensuite, si la crise des pays du Sud ne devait pas être comparée, par ses effets potentiels, à celle de certains pays de l’Est de l’année dernière, qui avait conduit le FMI à intervenir en force pour les soutenir (et par ricochet à conforter les banques occidentales).

Aujourd’hui, on en est là. Trouvant significatif que l’éventualité d’une intervention du FMI reste toujours présente, comme une sorte de derniers recours, au cas où les Européens continueraient de rester l’arme au pied. Mais celle-ci ferait supporter le poids de la crise européenne actuelle à tous les pays membres du FMI, ce qui peut justifier leurs réticences, tandis que les Européens craignent le symbole que représenterait l’intrusion du fonds au sein de la zone euro. Une situation qui ne déplairait pas aux euro-sceptiques qui y verraient la justification de leur analyse de toujours.

Tous ces calculs ont pour principal effet de ne pas aborder de front le problème de la dette publique. Celui-ci se pose aujourd’hui avec acuité en Europe, il se posera de même demain aux Etats-Unis, ainsi qu’au Japon (en dépit du fait que la dette de ce dernier pays soit auto-financée). De premiers signes annonciateurs de cette évolution inévitable de la crise sont déjà apparus. Il a fallu à Timothy Geithner, secrétaire d’Etat au Trésor, faire preuve de beaucoup d’assurance lors d’une interview télévisée sur la chaîne américaine CBS, pour affirmer que la note de la dette américaine ne changerait jamais. Qu’il évoque cette éventualité, même pour la rejeter, étant en soi significatif. Les marchés choisissent toujours les points faibles pour s’infiltrer, comme l’eau lors d’une inondation. L’Europe est tout simplement l’occasion de faire à moindre frais une démonstration, les Etats-Unis étant un plus gros morceau.

Les gouvernements vont devoir être un peu plus réactifs, s’ils veulent faire barrage à la montée en puissance des marchés, qui rétrécit leurs marges de manoeuvre. Il n’est pas certain qu’ils y soient déterminés ou qu’ils veuillent s’en donner les moyens. Jeudi, à Bruxelles, les chefs d’Etat et de gouvernement vont tenter de bricoler un dispositif, à défaut de définir une politique. Afin de se réfugier derrière lui, pour mieux justifier une rigueur dont ils retardent l’application.

(*) Comme Federico Fellini a titré l’un de ses films (ainsi si vogue le navire).

75 réponses sur “L'actualité de la crise: e la nave va, par François Leclerc”

  1. Dans le Financial Times d’aujourd’hui: http://www.ft.com/cms/s/0/0330ba78-149f-11df-9ea1-00144feab49a.html (en anglais, naturellement).

    Autant les assaillants semblent avoir une vision claire des raisons qui les poussent à agir contre l’eurozone, autant les assaillis paraissent privés de moyens de défense. Est-il déjà trop tard pour parler de « défaitisme » face aux banques et aux hedge funds? On attendra la réunion de jeudi, donc, pour se faire une opinion définitive, mais j’ai comme l’impression qu’il règne déjà un climat de deuil. On peut se demander pourquoi, en particulier, rien n’a transpiré de la ‘concertation’ entre Angela Markel et Sarkozy la semaine dernière…

  2. Juste un additif à votre excellent feuilleton, sur la contre-attaque espagnole:

    Mme Salgado,vice-présidente, ministre de l’Economie, est à Londres aujourd’hui et à Paris demain pour défendre le virage espagnol, le Trésor espagnol a fait savoir qu’il recourira au marché en 2010 pour un montant de 76,8 mds d’euros, 34% de moins qu’en 2009.

    Paradoxalement, c’est Paul Krugman qui tape dur:

    06.02 http://krugman.blogs.nytimes.com/2010/02/06/spains-problem-illustrated/

    05.02 http://krugman.blogs.nytimes.com/2010/02/05/the-spanish-tragedy/

  3. C’est de la comédie, tout ça.

    Les dirigeants politiques européens ne font que jouer la comédie.

    Mais je ne comprends pas une chose.

    Que voulez-vous qu’il sorte de la réunion de jeudi ?

    A mon humble avis, il ne peut rien sortir de la réunion de jeudi.

    Cela fait 20 ans que la Grèce diffuse des statistiques truquées. Le bouquet final, ça a été la semaine dernière. Vous vous rappelez ?

    Le programme d’assainissement de ses finances publiques présenté par la Grèce est encourageant et il est important qu’Athènes prenne toutes les mesures nécessaires pour atteindre ces objectifs, a déclaré jeudi le président de la Banque centrale européenne.
    Le gouvernement grec a remis à la Commission européenne une nouvelle mise à jour de son programme de stabilité et de croissance prévoyant de ramener le déficit public à 2,8 % du PIB en 2012, et l’exécutif européen l’a approuvé mercredi.

    Reuters

    Autrement dit : tout le monde a joué la comédie.

    1- Le gouvernement grec a joué la comédie en affirmant (le plus sérieusement du monde) qu’il allait faire passer le déficit grec de 12,7 % aujourd’hui … à 2,8 % en 2012 ! J’éclate de rire ! Avouez qu’il y a de quoi rigoler ! 2,8 % en 2012 !

    2- Le président de la Banque Centrale Européenne a joué la comédie (en restant sérieux, comme d’habitude : il garde toujours un air sérieux ; ça impressionne les gogos) en approuvant ce plan du gouvernement grec.

    3- La Commission Européenne a joué la comédie en approuvant ce plan du gouvernement grec.

    4- Pendant le G7, les 7 ministres des Finances ont joué la comédie en approuvant ce plan du gouvernement grec.

    Conclusion :

    – tous ces gens mentent,

    – ils savent qu’ils sont en train de mentir,

    – ils savent que le déficit grec NE sera PAS ramené de 12,7 % à 2,8 % en 2012,

    – mais ils continuent quand même de faire semblant d’y croire.

    Ce sont des comédiens, mais ce sont des comédiens qui nous conduisent vers des tragédies.

    1. « Ce sont des comédiens, mais ce sont des comédiens qui nous conduisent vers des tragédies. »

      Pas seulement des comédiens, des joueurs de flute et de pipo et pendant que le monde se damne pour ces gens là, les grands de ce monde, grands petits patrons costumés et autres gens bien portants du CAC 40, continuent à s’envoyer des cadeaux, des fleurs et des invitations et c’est toujours la fête, on se flatte à vous aussi vous y étiez ma très chère ami(e), oh si vous saviez comme mon petit caniche parfumé me cause encore des soucis en ce moment, je n’arrive même plus aussi à dormir, mais non, mais non ne rigolez pas, ce ne sont pas du tout des blagues, c’est bien réel, vous ne rêvez pas, ahurissant n’est ce pas ? A quand la prochaine battue pour mieux faire le bien d’une société paraît-il entre le bon grain et l’ivraie ?

  4. la suite du titre (en français) : ‘à vau-l’eau’.

    Pour jeudi, je prédis que rien, de bon ou de mauvais, n’arrivera.
    Sauf émergence subite du réel, ce qui s’apparenterait à une faille spatio-temporelle gravissime et incongrue dans le continuum de l’UE …

    1.  » Pour jeudi, je prédis que rien, de bon ou de mauvais, n’arrivera. »

      Des experts dans l’art de mieux noyer le poisson qui ne sent plus très bon sur les marchés.

      Et puis après hop, on retourne de nouveau s’amuser et fumer des cigares au château, quelle vie de rêve que de vouloir se faire servir plus longtemps des repas et des banquets de plus, oui mon ami(e) vous avez toujours raison vive la république des nantis, si facile de nos jours de pouvoir acheter autant de politiciens à la fois, car plus vous en gagnerez et plus les gouvernants chercheront d’abord à vous écouter et vous fréquenter, et on le fait bien, ce ne sont pas du tout les banquiers qui paieront d’abord la note de frais en plus.

  5. une seule chose parait certaine : ils sont tous d’accord pour que les peuples paient la note.

    pour les peuples , oui, l’histoire se répète

    et l’apathie sociale et le manque ( pour pas dire l’abscence ) de perspectives progressistes laissent présager des jours funèbres.

  6. « Jeudi, à Bruxelles, les chefs d’Etat et de gouvernement vont tenter de bricoler un dispositif, à défaut de définir une politique. Afin de se réfugier derrière lui, pour mieux justifier une rigueur dont ils retardent l’application. »

    Comme d’habitude serais je tente de dire.

    Car il faut toujours faire le contraire, determiner une politique puis se doter des outils pour parvenir au resultat souhaité.

    Bref bricoler un « dispositif » ne sert a pas grand chose si ce n’est donner l’illusion de l’action.

    Apres en appeler a « Les gouvernements vont devoir être un peu plus réactifs, s’ils veulent faire barrage à la montée en puissance des marchés, qui rétrécit leurs marges de manoeuvre. » ne mange pas de pain, mais a ne pas changer les regles du jeu, c’est a dire les contraintes que nous nous sommes nous meme impose au nom d’un vision fausse de la modialisation, on se condamne a l’impuissance.

    Car c’est bien le modele actuel de l’UE qui est en cause et non pas l’idee de cooperation entre les nations europennes, comme nous le serinnent les euros beats. Ca n’est pas de plus d’europe selon le modele qui est en echec qu’il faut, mais de l’europe differente. Une europe des projets, des cercles concentriques et une dose, a determiner, de preference communautaire, en clair un protectionnisme bien compris au service des peuples.

    Tellement d’erreurs on ete commises, de la morgue a l’egard de la russie jusqu’a la naivete face a la chine en passant par la fascination pour les usa, qu’on se demande bien comment nous allons nous en sortir collectivement.

  7. Monsieur Leclerc, je vais vous poser une question dont la réponse sera, je l’espère, anti-parodie-woerth.

    Aucune prise en considération de l’arrêt des swaps Euro-dollar..??

    Pourtant, le timing est…troublant. Et va dans mon sens de protectionnisme.

    1. Cet arrêt a été concerté entre toutes les grandes banques centrales (BoE, BoJ, BNS, etc.) et n’a pas concerné que la BCE.

      Il illustre la possibilité d’emprunter plus facilement en dollars sur le marché, sans utiliser les circuits de secours crées avec la Fed à partir de décembre 2007, quand celui-ci était totalement bloqué.

  8. Les goëlands sont sur Rennes. La mer est mauvaise.
    Cela n’a aucun rapport avec l’économie, mais bon. Sachant les milliards générés par les instituts de « météo » alors qu’il suffit d’être attentif…

    1. Ca n’exonere pas de se poser des questions sur le fonctionnement actuel de la zone euro et de l’UE.

    2. Cela va donner une excuse béton pour se séparer de leur influence et domination. Car nous sommes les derniers vasaux.

      « Le meilleur architecte de la destruction d’un humain est lui-même ». Otto Centrage 1929-2048.

    3. Certes, et rien dit non plus que des investisseurs européens ne jouent pas également à ce tentant petit jeu.

    4. Monsieur Leclerc.

      Vous, nous, tous, nous rendons compte que cette exploitation rejoint la phrase de Marx : « les capitalistes vendront la corde qui les fera pendre »

      A priori, il faut les laisser faire, non?

    5. @ M. Leclerc :
      Concernant votre remarque sur les hedge funds, j’ai lu ceci aussi :
      « Ainsi, selon Le Temps, les deux hedge funds
      qui tiennent le marché grec, en concertation avec une banque américaine, se
      sont décidé à faire courir la panique sur le marché des crédit default swap
      (CDS). »
      http://groups.google.fr/group/fr.soc.politique/browse_thread/thread/eb2245a42ef29708/e047679cfedc7152?lnk=raot
      2 hedge funds qui tiennent le marché grec …
      On devrait pouvoir les identifier assez rapidement, non ? Non ? Comme c’est étrange …

      Selon d’autres récits, il pourrait aussi s’avérer qu’une des banques qui devait profiter du ‘gâteau’ des obligations grecques (à fort taux d’intérêt ainsi qu’une promesse d’augmentation non négligeable, ce qui explique la ‘ruée’ vers l’adjudication des obligations de l’Etat grec) n’a pas eu son ‘comptant’ (2%) et qu’elle alors décidé de se ‘venger’ en spéculant sur les CDS. Ce qui me paraît relever trop d’une causalité ‘psychologisante’ pour être réelle. Comme quoi, on livre ce que l’on veut comme information, à qui l’on veut et quand on veut.

      Bien plus réel, cet ‘avertissement’ de la BNP sur l’exposition des banques françaises en Grèce, paru ans la presse (une brève) le 29/01/2010.
      C’est assez surprenant (pour le moins) :
      http://www.investir.fr/infos-conseils-boursiers/infos-conseils-valeurs/recos-analystes/banques-francaises-all-suisses-exposees-a-grece-201194.php
      Les infos de la BNP proviendraient de la BIS, Bank for International Settlements : http://www.bis.org/

      Mais comprend mal pourquoi cette ‘fuite’ soudaine, si ce n’est pour nuire à ses concurrents (notamment la SG). En fait, on comprend mieux quand on lit une autre version de la BNP :
      http://ftalphaville.ft.com/blog/2010/01/29/137341/whos-selling-greek-cds/
      « our understanding is that Greek banks were active CDS players » !!

      Ce qui paraît de premier abord délirant. Mais en fait, comme le dit l’article, cela peut s’expliquer :
      « Greek banks selling CDS would make some sense. It’s essentially a win-win bet. If Greece doesn’t default on its debt, protection-sellers will likely earn a nice profit. If it does, well, the Greek banks will probably be crushed anyway. »

      D’autant mieux que Financial Times, dans un autre article, explique que les banques grecques possèdent 62% des obligations d’état depuis 1 an !!
      http://ftalphaville.ft.com/blog/2009/12/08/87711/how-do-you-say-vicious-circle-in-greek/
      Concernant l’Espagne, pays visé aussi, 73% des obligations émises depuis un an sont possédées par des banques espagnoles. On pense évidemment à Banco Santander, une des premières banques mondiales …

      Last but not least, pour revenir au ‘global warning’ de la BNP sur la Grèce, il s’avère que certaines banques françaises, allemandes et suisses font parties des propriétaires, souvent majoritairement, de ces mêmes banques grecques … qui achèteraient des obligations ET des CDS actuellement !!
      Dont, côté France, le Crédit Agricole et la Société Générale.
      En cherchant un peu, on s’aperçoit que justement, le même jour que l’annonce de la BNP (!!), un directeur général adjoint du Crédit Agricole, ce qui n’est pas rien, serait sur le départ, ce même directeur adjoint qui de 2003 à 2007 organisa la prise de contrôle de la banque grecque Emporiki par le Crédit Agricole …
      http://www.lefigaro.fr/societes/2010/01/29/04015-20100129ARTFIG00482-nouveau-depart-au-credit-agricole-.php

      On retrouve aussi ce même directeur adjoint aux manettes de ‘casa’ en 2006 quand il fallut réévaluer le prix d’achat d’Emporiki, alors proposé déjà à plus de 3 milliards d’euros au … gouvernement grec, qui en détenait alors 40%, afin que celui-ci puisse financer son programme de réduction de la dette (déjà). A l’époque, cette banque grecque était déjà la 4ème de Grèce.
      A noter : la proposition se fit uniquement en numéraire …
      http://www.easybourse.com/bourse/information/emporiki-casa-pouss-eacute-agrave-la-surench-egrave-re-contre-lui-m-ecirc-m-103

      Tout ceci produit ainsi une désaffection grandissante des investisseurs pour les banques françaises :
      «  »Le secteur financier français n’est pas le secteur où il faut être actuellement », estime Yves Maillot, directeur des investissements de Robeco Gestion. ». On y retrouve encore le Crédit Agricole et Emporiki
      http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRLDE6100WU20100201
      Concernant ‘casa’ en tout cas, cela fait 3 directeurs généraux adjoints qui sont sur le départ ou déjà partis. C’est dire que c’est un peu le délire dans les banques françaises en interne …

      Pour finir et pour résumer, on a donc :
      – des ‘communications’ diverses et variées, qui font fonction d’écrans (banque américaine + 2 hedge funds, ‘représailles’ d’une banque n’ayant pas suffisamment obtenue d’obligations lors de la dernière vente, des investisseurs incohérents, blablabla …) ;
      – des banques grecques complètement à la dérive et depuis longtemps, qui ont servi entre autre à financer des plans de réduction de la dette publique par l’Etat en vendant les parts qu’il y détenait ;
      – ces mêmes banques jouent leur ‘trading pour compte propre’, en jouant la spéculation par le biais des CDS, pour à la fois augmenter les intérêts d’obligations d’Etat et en même temps en cas de crash se garantir et empocher la mise ;
      – ces banques n’ont plus rien à perdre, étant donné leur situation financière et étant donné qu’elles possèdent la grande majorité des obligations d’Etat, soit le seul moyen d’augmenter leurs ressources et la valeur de leurs actifs ;
      – ces banques, enfin, sont détenues majoritairement par des banques françaises ou allemandes ou suisses, qui ont financé très largement leurs besoins de recapitalisation pendant des années, afin de consolider des actifs partis en fumée (sans doute avec produits dérivés) ;
      – on retrouve ce même phénomène dans d’autres pays de l’UE qui ont ‘subis’ des attaques spéculatives, où l’essentiel des obligations sont détenus par des banques nationales (Espagne, Portugal) ou majoritairement depuis un an ;
      – la situation dans d’autres pays n’est guère enviable, notamment en Irlande mais aussi en Italie et en France où le pourcentage de possession d’obligations par des banques nationales à augmenté de manière importante depuis un an.

      Bref, les banques sont bel et bien derrière cette spéculation mais pas celles que l’ont croyaient : celles de l’UE !
      Et les gouvernements de l’UE, notamment français et allemands, sont bien emmerdés par le fait que des banques françaises et allemandes sont durablement enlisées dans ce type de situation, ce qui expliquerait leur silence actuellement, afin de ne ps étendre le risque de contagion aux dites banques françaises et allemandes, qui sont d’un autre acabit que les banques grecques !!
      Car si ce type d’info était dévoilée, on aurait proprement un effondrement des cours de ‘casa’ et de la SG, provoquant ensuite un risque de choc systémique dot le système financier français et allemand a encore énormément de mal à se sortir : baisses instantanée des cours des actions, dépréciations d’actifs en cascades, doute généralisé sur l’ensemble des valeurs financières, baisse généralisée des cours et des bourses, etc.
      Et les banques américaines en embuscade et le dollar qui se frotte les mains.

      Les questions que je me pose, c’est :
      – est-ce que les banques grecques ont pu faire du ‘trading pour compte propre’ sans que leur actionnaire majoritaire ne le sache (et si oui, je me demande si c’est pas pire) ?
      – est-ce que les banques françaises, notamment, ont couvert une fois le désastre mis à jour ou ont-elles participé ?
      – les autorités publiques européennes ont-elles été mises devant le fait accompli, encore une fois et ont-elles dû ‘torcher’ les fesses malpropres, encore une fois, de ces mêmes banques ?
      – quand ces mêmes autorités vont-elles enfin appréhender le risque systémique que cela induit et surtout prendre la décision, la seule qui vaille, de fermer le marché des CDS en europe, afin de préserver le marché des obligations des délires des banques européennes ?
      – in fine, quand vont-elles autoriser les états à aller s’abreuver à la source du crédit gratuit (cad à la BCE), afin de laisser plus de champ aux banques (qui en ont rudement besoin) et enfin financer durablement leurs dettes, sans crouler sous le poids des intérêts et enfin rembourser les sommes dû ?

      Ce qui revient à remanier profondément les traités européens et la construction européenne, rien que ça.

      Désolé d’avoir fait trop long mais cela me semblait très important d’apporter ces infos, si celles-ci ne sont pas elles-mêmes de l’enfumade 😉

    6. Pour confirmer que les analyses de FT datait de quelques jours déjà et que les mêmes données citées par BNP (BIS) figuraient déjà sur l’analyse de la Deutsche Bank, qui a dû aussi servir à l’analyse de la BNP :
      http://ftalphaville.ft.com/blog/2010/01/18/128096/gr%CE%B5%CE%B5k-d%CE%B5bt-disast%CE%B5r/

      On y voit très clairement la Grèce, où 30% de la dette 2009 est détenue par des banques étrangères.

      Je corrige donc mon post précédent sur le fait que ce sont pas que des banques ‘nationales’ qui possédaient la dette grecque mais aussi bien des banques étrangères, dans une proportion importante (mais minoritaire, le reste étant détenu par des banques grecques). En tout cas, ‘nationales’ ou ‘étrangères’, les dettes souveraines sont bien détenues par des banques en Grèce …

    7. @ Zébu

      Les systèmes financiers ont la stabilité des jeux de Mikado, fragilisés par la dépendance réciproque de leurs acteurs. L’analyse du risque de chacun d’entre eux – assorti de mesures comme le renforcement des fonds propres – rencontre là ses limites: comment mesurer le risque systémique de systèmes si hautement complexes et au comportement imprévisible ?

      Le risque global dont les systèmes financiers sont porteurs est encore accru par l’opacité fonctionnelle dans laquelle ils opèrent, qui fait que seuls quelques acteurs initiés ont accès – et encore – aux informations financières essentielles.

      Ces considérations générales étant faites (!), vous avez raison de mettre en évidence que :

      1/ La BCE a soutenu à bout de bras les banques grecques qui soutenaient l’Etat en achetant ses obligations. Ce qui pourrait être assimilé à un détournement de l’interdiction faite à celle-ci d’acheter des titres de dette publique d’un état membre de la zone euro.

      2/ La situation du système bancaire grec est problématique, pouvant impliquer une aide de l’Etat, car leur bilan va sortir très détérioré de la situation actuelle, étant donné la masse des obligations de l’Etat grec qui y figurent. D’autant qu’il semblerait que des retraits massifs de capitaux l’affectent également.

      3/ Certaines banques allemandes, françaises et suisses, pourraient subir le contre-coup de cette situation.

      4/ Il est très vraisemblable que la spéculation n’est pas le seul fait d’acteurs anglo-saxons, une information qui vise à disculper les banques européennes continentales et tente d’accréditer l’idée que celle-ci est le résultat d’une offensive de nature politique; qu’au contraire ces banques, y compris grecques, participent à ce qui est pour elles une bonne affaire.

  9. Les élites Européennes (j’inclus les gouvernements et la « haute » finance) en plus de traiter la démocratie de la façon que nous constatons (je ne veux pas polémiquer outre mesure), se révèlent incapables de construire un système qui fonctionne (l’Eurodirvergence ne date pas d’hier), et enfin davant l’évidence, de prendre les mesures correctives qui s’imposent.

    Un état digne de ce nom dispose de toute une palette de solutions, même (et surtout) non conventionnelles qu’il peut décider lorsque la situation l’exige, notamment et par exemple lorsque la sureté de l’état est en danger.

    Je pense que Coluche ou même Gérard Chivardi auraient pu mieux faire …

    1. Encore la question de la capacité supposée des politiques à contrer le pouvoir financier : la question ils l’abordent en commun en cas de litiges décemment estompés lors d’une conciliation. Le secteur public a consenti à éponger la dette de la crise financière mais sans effet. La vitesse et la puissance des marchés rendent le cours de la question de l’autonomie de la sphère politique négociable au jour le jour, le jour même vide de toute réflexion devient la nuit un nombre dans une opération projective: la réponse politique court à s’ajuster à une situation dont elle se désintéresse si ce n’est pour présenter tel profil qu’elle grime aux yeux de l’opinion publique. Daniel Gros qui dirige le Centre for European Policy Studies (CEPS) éclaire l’horizon: « La BCE aura une politique adaptée au noyau dur et la périphérie sera laissée pour compte » (in nouvel 0bs). Nous sommes avertis, loin des discours creux de l’UE et pourtant si proches. Pour qui cherche seulement à s’informer on devient bête; L’AFP, le 5.02 « La baisse du CAC 40 à la Bourse de Paris a atteint brièvement plus de 3% vendredi après-midi, après la publication de chiffres du chômage mitigés aux Etats-Unis en janvier, avant de se redresser (…) La place parisienne s’est ensuite ressaisie, après une lecture plus approfondie de ces chiffres» : pour finir ce sera à – 3,40%. Curieuse culture de ce monde boursier qui rend myope. In « le Point » :« L’économie américaine a supprimé 20.000 emplois en janvier mais le taux de chômage a reculé à 9,7%, son plus bas niveau depuis cinq mois (…) d’où ressortent des signes d’amélioration progressive du marché du travail. Le département du Travail a révisé à la hausse les chiffres de décembre, qui se soldent par 150.000 suppressions de postes contre 85.000 annoncées initialement, mais ceux de novembre ont été revus à hausse et montrent 64.000 créations, soit 60.000 de plus qu’annoncé le mois dernier. Au total, la première économie mondiale a détruit 8,4 millions d’emplois depuis le début de la récession en décembre 2007 ». Prenons l’altitude des gens avertis et décomplexés ; à lire Edouard Carmignac, fondateur du gérant d’actifs Carmignac Gestion, dont fin décembre 2009 les encours dépassaient les 33 milliards d’euros, comparé à 12,7 milliards en 2007 et moins de 6 milliards en 2006. Sur son site avec l’humour qu’il mérite; « Qu’anticipons-nous pour 2010 ? Clairement, la reprise des économies développées réduira leur déficit d’activité par rapport à l’univers émergent. (…) nous pouvons désormais compter sur le grand sursaut qui sera donné par notre nouveau président du Conseil Européen, le charismatique Herman Van Rompuy, escorté de la non moins glamour Baronne Cathy Ashton ( … ) ce n’est pas parce que la croissance économique restera modeste en 2010 qu’il n’y aura pas de croissance forte des bénéfices», souligne Edouard Carmignac. En effet, «une forte augmentation du chômage se traduit par un rebond des profits amplifiés des entreprises». La messe est dite ? Si l’état n’a pas dans les mains la finance il dirige le secteur juteux de la défense qui en un an enregistre une progression de 20% ! @ François 78 … « lorsque la sûreté de l’état est en danger… » Hervé Morin a une âme, philosophique et euphorique, qui sait assurer avec des couilles: « Je sais que ce n’est pas populaire, parce que les gens pensent que les armes amènent la guerre – alors qu’elle est due à la folie des hommes -, mais j’assume complètement ». Je crois me souvenir que la formule des dommages collatéraux a été initiée pendant la guerre d’Irak, disons que la folie en fait partie… ça craque du coté de la Bourse d’Athènes qui a terminé en baisse de 3,86% ce lundi tandis que l’indice FTSE des banques grecques plongeait de 6,82% ; rue d’Athènes mercredi Crash-test du mouvement social…

  10. Monsieur Leclerc, Monsieur Jorion,
    aidez-nous.

    Lisez et contredisez cet extrait hallucinant de Nicolas Barre dans les échos dont voici les trois lignes de force :

    – Les marchés ne représentent rien d’autre que l’internationale des épargnants.

    Vous en croyez vos yeux ? l internationale des épargnants à la rescousse.

    – Puisque l’épargnant ne veut pas prêter à Athènes, préparons-nous à convoquer le contribuable ! C’est ce à quoi nous invitent ceux qui plaident pour une aide directe à la Grèce.

    Schizophrénie du citoyen, le contribuable grec n aura plus les moyens de souscrire à ses propres… obligations.
    Obligations -) obligatoires -) faisant de nous des obligés…

    – L’appartenance d’un État à la zone euro, les peuples européens l’ont voulu ainsi par traité, ne saurait constituer une assurance contre le risque de défaut. L’Europe ne se grandirait pas en violant les traités pour éviter une intervention du FMI.

    Les peuples ont rejeté le dernier traite en date, ils ont voulu l Europe, pas la compétition entre les peuples, et ils en appellent aux peuples et au respect du droit…

    Ces gens n ont pas de figures. Il nous tue.

    1. Cela fait longtemps que j’ai renoncé à écouter les sermons que prononce Nicolas Barre en chaire.

  11. Il y a un problème humain.
    Bon nombre d’hommes du pouvoir politique tous états confondus
    – font partie du milieu financier et gagnent discrètement beaucoup en avantageant les « banques »
    – ou bien sont sous la coupe plus ou moins intéressée des lobbies financiers

    Dans les 2 cas leurs discours et leurs actes sont suspects.

    Appelez-çà conflits d’intérêts ou dichotomie…peu importe.
    On n’a plus confiance…

    D’autre part les hauts financiers savent-ils jusqu’où aller trop loin avant déclenchement de troubles sociaux s’en prenant aux sièges des banques (jusques et y compris dans les paradis) …ou avant déclenchement de grèves de l’énergie.
    Ce qui leur permettra difficilement de jouir de leurs $billions de leur Riva et de leur Ferrari.

    1. C’est ce qui va se passer, en effet, AH.

      Mais, dans tous les cas, cela est la seule porte de sortie. Il suffit de connaître un peu l’Histoire pour s’en rendre compte. L’humain ne se force à réagir que lorsqu’il y est obligé. Comme tout animal.

    2. Les banksters jouent toujours au Casino. Mais ils jouent avec du feu. C’est pour ça qu’il est inévitable que le Casino brûle un jour. J’aimerais beaucoup savoir ce que vont faire les banquiers quand les banques et la Bourse commenceront à brûler suite aux manifestations géantes qui vont se produire inévitablement contre les arnaques de la Finance, le jour où les politiques oseront faire payer la note au « peuple » en montant fortement les impôts et en réduisant fortement les prestations sociales.

      Face à la violence de la rue, le stalinisme financier (l’autre nom du libéralisme) s’effondrera de la même façon que les dictatures communistes se sont effondrées en 1989.

      Ceux qui en doutent, qu’ils lisent une bonne histoire des Révolutions en Occident, ou « Masse et puissance » de Canetti ou encore l’oeuvre de René Girard.

    3. Tiens ! La peur des conséquences sociales et politiques de la crise commencerait à gagner les « hautes sphères de la Finance européenne »?

      « Les établissements financiers devraient participer au financement des coûts induits par les faillites bancaires à travers l’Europe afin d’alléger la charge imposée aux contribuables, estime la Banque centrale européenne (BCE).

      Dans une réponse à la proposition de la Commission européenne d’établir un cadre européen pour la gestion des crises transfrontalières dans le secteur bancaire, la BCE a déclaré que « la participation financière du secteur privée pour la résolution (des crises) serait bénéfique, également pour réduire l’aléa moral à l’avenir. »

    4. Bonjour,

      nous parlons des banques qui auraient « peur » des mouvements sociaux ! ça me paraît pas correct car les banques n’ont aucunement peur de « disparaître » en cas de faillite (si bien même ce serait possible), le comportement des banques est lié aux appetits des gens-actionnaire et dirigeants qu’elle sert et elle sert bien en ce moment, ce n’est pas avec un instinct de survie qu’elles agissent, mais avec un instinct de prédateur-vorace pour le service de ses dirigeants. Si la banque devait disparaître, par de probléme pour ses dirigeants, ils continueraient à vivre bien et même trés au delà du bien et de la trivialité des citoyens du rang. Les éventuels troubles sociaux ils s’en désinteressent royalement, il y a les amis politiques pour gérer ça, et que quand bien même l’entité « banque » disparaisse ou pas sous la presion de la rue c’est du pareil au même pour ces capitalistes financiers, les affaires sont faîtes ilsont déjà leurs île sous les cocotiers !

      Les depôts financiers des caisses de retraites, et ceux des particuliers avec leurs misérables salaires c’est la seule chose valable à sauver dans le naufrage/transformation des activités des banques.

      Cordialement

    1. sur l’autel du traîté de Lisbonne, c’est le sacre du fisc en guise de sacrifice ; coupes budgétaires, crises sociales en devenir, les défenseurs de l’ordre établi vont nous serrer la vis pour sauver leurs vices cupides.

  12. Le G7 n’a rien réglé:

    le Financial Times Allemagne rapporte que la Commodity Futures Trading Commission U.S a enregistré 43 000 contrats de ‘shorts euros’ pour une valeur de 8 milliards d’euros, contre 39.000 la semaine dernière ( cloture des semaines de la CFTC le mardi ), record depuis l’ introduction de l’euro.

    CDS Portugal: 244
    CDS Espagne: 173
    CDS Grèce: 426

    Le navire tangue

  13. Avec la discrète grille de lecture, on assiste à une bataille rangée franco allemande au sein d’une Europe divisée entre les zones d’influence germanique méditerranéenne, on peut pas sauver tout le monde, il faut faire un choix, la Grèce en est la première bataille. Attendons une riposte qui concernera la Tchéquie par exemple.
    D’une façon générale je ne crois pas trop à la thèse des états victimes impuissante des fonds spéculatifs, quand vous avez les moyens de provoquer un banal accident de voiture ou une inattendue crise cardiaque, ca fait réfléchir les assaillants ‘solitaires’.

    1. Ouais, les USA bombardent un peu partout ou zigouillent discrètement les gênants mais ils se feraient ruiner par des banquiers de Wall Street, qui d’ailleurs ont leurs entrées au gouvernement et sont soutenus à bout de bras par lui. J’ai vraiment peine à le croire.
      Si les USA s’écroulent c’est en essayant de sauver leurs banques et non pas parce que leurs banques essayeraient de parier contre eux.
      C’est absurde et cela suppose des acteurs purement rationnels (des homo economicus). En réalité, tout cela n’est que magouilles et connivences. Comme toujours, ce qui est bon pour les USA est bon pour la Chambre de Commerce et inversement. Ce n’est pas l’action des « marchés » que l’on voit, mais de la basse politique.

  14. Les cures d’austérité annoncées par la Grèce et l’Espagne pour réduire leurs déficits publics risquent désormais de provoquer des tensions sociales dans les deux pays, ce qui pourrait alimenter l’inquiétude des investisseurs.

    Les plans d’assainissement budgétaire présentés par Athènes et Madrid n’ont pas encore convaincu les marchés obligataires, sur lesquels la dette grecque continue de faire les frais des craintes qui l’entourent, tandis que l’euro reste sous pression.

    La monnaie unique peine à remonter au-dessus de 1,37 dollar, et la livre sterling commence elle aussi à pâtir des craintes de voir les difficultés de la zone euro se propager à l’économie britannique. La devise du Royaume-Uni a ainsi touché son plus bas niveau depuis huit mois et demi contre le billet vert.

    Parallèlement, les rendements des obligations grecques, espagnoles et portugaises, creusent leur écart par rapport aux emprunts allemands, la référence pour la zone euro.

    Ces écarts (ou « spreads ») représentent la prime qu’exigent les investisseurs pour détenir des emprunts dont le risque de remboursement est jugé plus élevé.

    L’écart de taux entre la dette grecque à dix ans et l’allemande s’est creusé à 365 points de base lundi, contre 350 points vendredi.

    Les Echos

  15. La réunion de Bruxelles ce jeudi servira surtout aux chefs d’états à se concerter pour parler en coulisses des futurs mouvements sociaux qui risquent de déborder d’un pays sur l’autre, faire tache d’huile en Europe. (Les médias nous présenteront tout ça comme un conseil de classe de fin de trimestre d’un collège: rappel à l’ordre mais pas de redoublement)

  16. Un bon indicateur de ce qui va se passer en Europe et aux Etats-Unis : même Alan Greenspan a vu les problèmes actuels (c’est vous dire).

    Mardi 9 février 2010 :

    Marchés : Alan Greenspan « très inquiet » de la rechute de Wall Street.

    La correction boursière pourrait menacer la reprise économique aux Etats-Unis. C’est en substance le message qu’a délivré lundi 8 février Alan Greenspan. L’ex-président de la Réserve Fédérale américaine a affirmé qu’il serait « très inquiet » si la chute de Wall Street se poursuivait car les marchés financiers ont un effet important sur l’ensemble de l’économie.

    Depuis son sommet annuel du 19 janvier dernier, le Dow Jones a reperdu plus de 8 %, repassant hier en clôture en-dessous du seuil psychologique des 10 000 points (- 1,04 %, à 9 908 points). Après dix mois de reprise boursière, les investisseurs ont été assaillis ces dernières semaines par la montée des risques : projet de règlementation bancaire américaine, restriction du crédit en Chine, et depuis deux semaines, craintes sur les dettes de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne, …

    Pour Alan Greenspan, invité de la chaîne NBC, la chute des marchés est « plus qu’un signal d’alerte. Il est important de se souvenir que le prix des actions ne sont pas que des profits virtuels. Ils ont un impact profond sur l’activité économique. »

    Il a aussi estimé qu’il était « très difficile de savoir si le chômage allait commencer à baisser rapidement », ajoutant que la reprise économique serait « lente et laborieuse ».

    Boursier.com

  17. René Ricol – commissaire général à l’investissement chargé de mettre en place le grand emprunt national français – vient de déclarer que l’Europe pouvait prêter de l’argent aux gouvernements grecs, espagnols et portugais, sans préciser comment.

    Il a aussi réclamé l’encadrement et la mise sous contrôle des hedge funds responsables de la spéculation actuelle, qu’il a dénoncé.

    Thomas Mayer, économiste en chef de la Deutsche Bank vient pour sa part d’estimer que l’Europe devait « tout entreprendre pour stabiliser la Grèce et l’euro », afin d’éviter une déstabilisation de l’Union monétaire.

  18. Il existe un problème, c’est l’Allemagne.

    Il existe un problème, c’est l’Allemagne, l’histoire de l’Allemagne, les traumatismes historiques vécus par le peuple allemand, etc.

    Pourquoi est-ce un problème aujourd’hui, avec ce que les Allemands appellent « les cueilleurs d’olives » ?

    C’est un problème pour la raison suivante :

    L’Allemagne a surnommé la Grèce, le Portugal, l’Espagne, l’Italie de cette expression : « les cueilleurs d’olives ». Dès le début des années 1990, l’Allemagne ne voulait pas que tous ces pays entrent dans la zone euro car l’Allemagne pensait que ces pays n’étaient pas sérieux, n’étaient pas rigoureux, diffusaient des statistiques truquées, etc, etc.

    Elle a donc imposé à la France, à la Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg … un article spécial dans le traité de Maastricht : cet article était l’article 104. Cet article était une clause de « no bail out ».

    “Il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres, ciaprès dénommées «banques centrales nationales», d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres ; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite. ”

    Concrètement : l’Allemagne n’a accepté dans la zone euro « les cueilleurs d’olives » qu’à la condition que les traités européens précisent bien que la Banque Centrale Européenne n’accordera pas de prêts à un Etat membre de l’Union Européenne en faillite.

    L’Allemagne savait que certains pays du sud de l’Europe allaient laisser filer leurs déficits et leur dette publique : nous devons malheureusement admettre que l’Allemagne avait bien vu ce qui allait se produire (avec 20 ans d’avance).

    Cette position de l’Allemagne se retrouve dans toutes les déclarations parues dans la presse depuis deux semaines :

    1- “Il n’y a pas de plan de sauvetage”, a ainsi déclaré la ministre française de l’Economie Christine Lagarde à l’issue d’un entretien à huis clos avec le commissaire européen Joaquin Almunia (Affaires économiques et monétaires) et Jean-Claude Trichet, le directeur de la BCE (Banque centrale européenne).

    2- “Les contribuables britanniques ou allemands ne peuvent pas financer les défaillances des autres”, a également estimé le ministre allemand de l’Economie Rainer Bruederle.

    3- Une porte-parole du ministère allemand des Finances a démenti de son côté les informations du journal Le Monde. “Il n’existe aucune réflexion au sein du gouvernement allemand pour soutenir financièrement la Grèce pour qu’elle surmonte sa difficile situation budgétaire. Cela vaut autant pour de prétendues aides de la zone euro dans son entier que pour des aides bilatérales”, a-t-elle dit.
    “C’est le devoir de la Grèce d’assumer avec ses propres forces sa responsabilité en matière de stabilité de la zone euro”, a ajouté la porte-parole.

    4- Un soutien des autres pays européens à la Grèce “n’est pas prévu” et serait “contre-productif”, avait déclaré mardi 26 janvier le président de la banque centrale allemande (Bundesbank), Axel Weber.

    5- Mais il y a aussi dans l’attitude intransigeante de l’Allemagne une vraie conviction économique, résumée sèchement par Axel Weber, le patron de la Bundesbank : “Il est impossible de justifier auprès des électeurs qu’on aide un autre pays afin que ce dernier puisse s’épargner les douloureux efforts d’adaptation qu’on a soi-même endurés.”

    6- Dernière chose : Angela Merkel a mis son veto lorsque la Banque Centrale Européenne a voulu accorder un prêt à la Lettonie et à la Hongrie en 2009.

    Cette position de l’Allemagne est une donnée qu’il faut avoir à l’esprit.

  19. @Jaycib: je donne ici le lien complet, vers les billets de Paul Krugman, comme ca vous pourrez voir les autres archivés

    Paul Krugman: http://krugman.blogs.nytimes.com/2010/02/08/euro-perspective/

    @Francois Leclerc: Thomas Mayer est aussi le co-auteur d’une proposition, évoquée hier dans le FT, « Toward an Euro
    ( pean ) Monetary fund ? towards-european-monetary-fund

    Le lien vers l’exposé de la proposition (pdf ): http://www.ceps.eu/ceps/download/2912

  20. @roma
    Par solutions non conventinnnelles, je ne pensais pas aux solutions extêmes, relevant de Monsieur Hervé Morin.
    Dans les solutions non conventionnelles, ne pourrrait-on pas utiliser par exemple une banque « amie » (hélas non nationalisée) qui prendrait sa part (couperait l’herbe pour son compte) afin de la restituer en sous-main.

    @François Leclerc
    Ca se précise. J’espère qu’on n’en restera pas aux voeux pieux, et/ou que le soufflé retombera un peu . Rendez-vous le 11 ?

  21. La masse financiére privée représentant plus de 15 fois la somme de tout les PIB des pays du monde, il est temps pour les Etats de faire parler la force de leurs pouvoir régalien. Est il seulement théorique devant le pouvoir de l’argent ? … réponse peut être jeudi aprés la réunion de nos représentants politique au sein d’une case Europe, au toit de tôle mal fixée et ouverte à tout les vents.

    cordialement

  22. Lu votre message.
    Je ne crois guère à cette ‘théorie’ d’une conspiration anglo-saxonne. ‘Trop’ d’informations, trop ‘précises’ (2 hedges funds qui ‘tiennent le marché’, banque très présente sur le marché des CDS) mais sans les nommer (le tout avec la précision sur le risque de procès ! Ridicule). Le tout quelques jours avant la réunion de Bruxelles et ce par divers canaux médiatiques. Cela ressemble donc à de la bonne technique d’enfumage et d’intoxication.
    Cela exonère trop bien les banques européennes, en premier lieu les banques grecques, qui détiennent la majorité des obligations 2009 : à qui profite le crime ?
    Excellent paravent pour cacher la misère des banques européennes, notamment françaises. Certains ont été remerciés au Crédit Agricole très récemment. Car ces banques étrangères sont majoritairement détentrices des banques grecques.
    Ces infos ne proviennent pas de l’establishment anglo-saxon mais au contraire de la BNP et de la Deutsche Bank !!
    On tient donc ‘notre’ coupable : les hedge funds. On a donc déjà oublié l’autre coupable Goldman Sachs mais il est vrai qu’il serait difficile à la fois de l’accuser de complot et de servir de paravent à l’état grec pour ses déficits (http://www.spiegel.de/international/europe/0,1518,676634,00.html). Entre parenthèses, ce même GS a vendu ses swaps aux banques grecques en 2005, banques ensuite contrôlées majoritairement … par des banques étrangères européennes !! On pourrait aussi creuser cette piste là …

    On régulera donc et on s’apercevra dans quelque temps que non, la crise ne s’arrête pas là et que cela ne résout rien.
    Les CDS sur les obligations continueront (les paris sur les fluctuations de prix) déstabilisant ainsi les états concernés par celles qui en ont le plus bénéfice (les banques, qui détiennent les obligations d’Etats, de plus en plus), l’accès au crédit ‘gratuit’ pour les états de l’UE toujours impossible et les banques TBTF françaises, allemandes et autres continueront à déprécier leurs actifs.

    Jusqu’à quand ?

    PS : je confirme pour la fuite des capitaux grecs, vers Chypre et la Suisse notamment, pays où les dites banques grecques ont des succursales (Emporiki par exemple, détenue à 72% par Crédit Agricole) ou par le fait que des banques suisses soient aussi impliquées dans les banques grecques.
    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/02/08/04016-20100208ARTFIG00721-nouvelle-escalade-dans-la-crise-grecque-.php
    Par ailleurs, l’analyste de la Société Générale dévoile une partie du ‘voile’ me semble-t-il : l’Etat grec pourrait être mis à contribution pour injecter du capital dans ces banques, ce que n’ont pas réussi à faire suffisamment les banques étrangères détentrices des banques grecques pour les stabiliser.
    CQFD. A qui profite le crime, encore ?
    Je précise aussi cela :
    http://www.latribune.fr/depeches/reuters/emporiki-aggrave-sa-perte-sur-9-mois-provisions-en-forte-hausse.html

    1. Je n’ai pas l’impression que le « crime » profite au grecs, me trompes-je ? et pourtant, c’est bien de eux qu’on parle au final !

    2. @Zebu: pour compléter la collection,ce post de ‘A fistful of euros’ où l’auteur indiquait que la BCE avait acheté
      entre octobre 2008 et avril 2009 pour 217 mds d’obligations d’Etats membres, ce qui inversait complètement
      la tendance observée entre décembre 2005 et septembre 2008 avait vendu des obligations d’Etat pour 191 mds d’euros, examinent le bulletins mensuel de la BCE en juin 2009.

    3. Pas aux grecs. C’est certain. Mais aux banques grecques qui détiennent les obligations d’état, oui. Et incidemment, aux banques étrangères qui les détiennent (Crédit Agricole, Société Générale). Dont un analyste de la SG prévoit, devant la fuite des capitaux, à ce que l’Etat grec puisse ‘monter’ dans le capital de ces banques, banques qui appartiennent, entre autres, à la SG …
      La boucle est bouclée.

  23. « Une autre raison, plus politique, est largement exposée dans la presse. Toute aide apportée à la Grèce aurait deux implications, qui seraient autant d’inconvénients : 1/ mutualiser la dette grecque la ferait partiellement financer (ou garantir, un moindre mal) par les pays forts, ce qui pourrait être mal vécu par ceux qui vont devoir serrer leur ceinture en leur sein ; 2/ renforcer un aléa moral, ce qui serait peu incitatif pour les autres pays de la zone euro, à qui il est demandé de suivre le chemin de l’austérité.  »

    « Amusant » (manière de dire) tout de même de voir comment ils ne se posent pas tant de question (ceux la même !) quand il s’agit de sauver une banque … ou disons, « les banques », puisque finalement, elles ont réussi à n’être plus qu’une seule grosse entité.

    On voit bien aussi a quel point ils ont oubliés, tous autant qu’ils sont, omnubilés par leur recherche de profit, que derrière les chiffres, il y a … des gens … qui pourraient bien décider de ne plus accepter leurs règles du jeu du jour au lendemain.

    D’ailleurs, c’est bien cela la vraie réalité. Pendant qu’ils continuent a spéculer, les gens se détournent de ce « système » et reconstruisent autre chose. A un moment donné, la masse critique sera atteinte pour un basculement de sorte que tous ceux qui voudront sortir du « jeu » pourront le faire. A ce moment la, les financier pourront compter leurs masses d’argent tout seul. Ce n’est qu’une question de rapport de force.

    A force de tricher et de tout manipuler, « ils » ne verront même pas l’économie souterraine, le marché noir et les autres solutions « alternatives » se développer, trop occupés a admirer leur tour d’ivoire (ou leur nombril), qu’ils sont.

  24. A propos de la Grèce et de l’Allemagne qui s’insurge contre toute aide, l’Allemagne a t elle réglé ou répudier ses dettes de guerre ?
    L’orthodoxie comme toute chose concerne tout le monde.

  25. Pour remettre les choses en perspectives :
    « Selon Cyril Julliard, président du fonds de hedge funds Eraam, « les hedge funds agissent sur un marché déjà profondément déséquilibré. Dans la balance, ils pèsent peut-être les 100grammes qui, parfois, font la différence ».
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/02/09/rumeurs-paris-irrationnels-les-speculateurs-attisent-l-affolement-des-marches_1303028_3214.html#xtor=RSS-3234
    (on y cite d’ailleurs P. Jorion).

    100 grammes ne font pas la livre (de chair) demandée par le capitalisme …

    @ F. Leclerc :
    M. Ricol faisait office de M. Loyal (apparemment bien) pour le compte du gouvernement français précédemment concernant le ‘déblocage’ des crédits aux entreprises. Expert-comptable et commissaire aux comptes, il connaît bien les réalités financières. Il est aussi très au fait des positions françaises, de par ses missions réalisées préalablement pour le gouvernement et Sarkozy (rapport sur la crise financière en septembre 2008 et médiateur du crédit). A priori, quelqu’un qui a la confiance du Président. Et qui ne s’exprime pas sans feu vert au plus haut niveau sur la crise grecque.

    Et que dit exactement M. Ricol ?
    Ceci : « Il y a des gens qui spéculent sur les difficultés de la Grèce, puis demain du Portugal et de l’Espagne, et tous les pays européens vont y passer si on ne les arrête pas. Ces gens sont fous ».
    Et tout le journal de déduire :
    « Il a ainsi demandé la mise sous contrôle des « hedge funds » (fonds spéculatifs), accusés de spéculer sur les emprunts des Etats grecs, espagnol et portugais. » (http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/02/09/01011-20100209FILWWW00113-grece-on-peut-preter-l-argent-ricol.php)

    Pour autant, JAMAIS M. Ricol, qui sait peser ses mots, n’a dit ‘hedge funds’ : « (…) a dénoncé M. Ricol sans jamais prononcer le mot « hedge funds ».
    Mais TOUS de reprendre cette phrase dans leurs commentaire sans que JAMAIS M. Ricol n’ait prononcé ce terme !!

    C’est impressionnant ce qui se passe en ce moment en termes de communications.
    En tout cas, le message est passé car de suite parès la déclaration de M. Ricol, la spéculation s’est affaiblie et les bourses sont revenues à une situation plus normale.
    Mais pour qui était ce message ? Pour les hedges funds, comme le pensent tous les médias ?
    Ou pour les banques d’investissement, qui seraient particulièrement concernées dans l’affaire, du fait de leurs présences dans les banques grecques et dans la détention d’obligations d’Etat ?

    Réponse :
    « René Ricol a par ailleurs fustigé les banques d’investissement, à l’origine de la crise. « Ce ne sont pas les banquiers qui travaillent dans les agences de proximité qui ont fait ça. » Selon lui, « Il y a toujours des risques liés à la crise financière. Je suis inquiet notamment d’un dérapage de ce qui se passe en Grèce à d’autres pays européens. » « .

    Des BANQUES d’investissement. Pas des hedge funds. On ne me fera pas croire que M. Ricol ne connait pas la différence :
    http://www.lavoixdunord.fr/actualite/L_info_en_continu/Littoral/2010/02/01/article_ren-eacute-ricol-commissaire-g-eacute-n.shtml
    « Je crois qu’il y a par exemple en France des banques qui pour la plupart d’entre elles ont compris ce qui s’était passé, ont changé leur modèle.
    Vous savez aujourd’hui, la banque d’investissement dans ce pays, celle qui créait le problème, on la regarde avec beaucoup plus de prudence. »
    http://www.radiobfm.com/edito/info/56717/rene-ricol-les-investissements-prevus-par-le-grand-emprunt-doivent-etre-debloques-par-tranches-/

    1. Je ne comprends pas où vous voulez en venir. L’essentiel de la déclaration de René Ricol était d’affirmer qu’il était possible de prêter de l’argent aux Grecs.

      Mais, par ailleurs:

      1/ Ses propos ont été prononcés sur la radio BFM, puis partiellement repris par une dépêche de l’AFP, qui les rapporte et les cite, elle même ensuite reprise – totalement ou partiellement – sur les sites web des médias français.

      2/ Aucun démenti ne semble avoir été apporté par René Ricol à la dépêche en question.

      3/ Une partie de ses propos ne figurent effectivement pas sur le site de BFM (j’ai vérifié), mais cela ne signifie rien, car il est bien précisé qu’il ne s’agit que d’extraits audio.

    2. Excusez moi. Je m’exprime mal ou je suis confus.
      Je voulais juste dire, comme le notais d’ailleurs Le Figaro, que M. Ricol n’avait JAMAIS prononcé le mot d’hedge fund.
      Ce sont les médias qui ont supposé qu’il devait parler de ceux-ci.
      De fait, il parlait des banques d’investissement.
      M. Ricol n’a pas eu besoin de faire un démenti. Ses paroles n’ont pas été faussées. Ce sont simplement des interprétations réalisées par les médias sur le sens de ses propos.

      Or, depuis quelques jours, on présente les hedge funds comme les coupables (idéal) de la crise de la dette grecque.
      On va (très) vite en besogne il me semble, pour trouver un coupable, alors que M. Ricol ne parle que des BANQUES d’investissement.

  26. Mardi 9 février 2010 :

    Ewald Nowtotny, l’un des membres du Conseil des gouverneurs de la BCE, a expliqué que le mandat de la BCE l’empêchait d’intervenir pour aider la Grèce ou tout autre Etat membre.

    « La BCE a un mandat clair. Nous avons une clause de non-renflouement claire », a-t-il déclaré lors d’un entretien au site FT Alphaville, qui dépend du Financial Times.

    Boursorama

  27. « L’idée est de n’intervenir qu' »en cas de catastrophe », selon un expert, afin d’éviter une défaillance de la Grèce susceptible d’ébranler l’ensemble de la zone euro. »
    Selon Le Monde, plusieurs scénarios se profilent, depuis l’intervention du FMI, un ‘couplage’ FMI/Etats zone euro et une sortie de la zone euro.
    Mais rien sur le fond : CDS, actifs pourris des banques, …

  28. Dans l’attente que Jean-Claude Trichet soit sorti de l’avion qui le ramène en urgence d’Australie (compter 25 heures de vol), où les banques centrales tenaient salon, nous ne saurons sans doute pas ce que le sommet de jeudi de Bruxelles va bien pouvoir décider pour sauver la Grèce (le moindre de ses soucis) et limiter la casse sur l’euro (ce qui va le préoccuper d’avantage).

    Rarement le terme d’apprenti-sorcier aura été autant adapté à la situation actuelle pour parler des leaders de la zone euro, Allemands et Français en tête. Ils sont parvenus – en voulant faire de la Grèce un exemple au yeux de tous, afin de faire ensuite passer leurs plans de rigueur – à déclencher une gigantesque spéculation à la baisse contre l’euro, et à une déstabilisation de l’Espagne, impossible à assumer .

    Des noms de banques circulent, sur la base d’informations de la CFTC, l’autorité américaine de régulation des marchés des matières premières. Goldman Sachs et Deutsche Bank sont cités, notamment, afin de leur imputer la responsabilité de cette spéculation. On parle aussi de hedge funds non identifiés, en omettant de rappeler qu’ils sont financés par les prime-brokers, c’est à dire les banques… Sans non plus se demander si cette première liste est limitative et si d’autres honorables établissements n’auraient pas également eu quelques faiblesses coupables.

    Les spéculateurs ont utilisé la stratégie éprouvée de la vente à découvert (Short-selling), qui consiste à emprunter une devise dont on estime que le prix va baisser pour la vendre aussitôt. Puis, une fois le cours diminué, à la racheter moins cher pour la restituer au prêteur. Environ 43.741 contrats en euros, correspondant à 5,5 milliards d’euros, ont été vendus, du jamais vu. C’est un gigantesque pari sur la baisse de l’euro, qui la suscite inévitablement.

    Le déficit de la Grèce a bon dos.

    1. Apprenti-sorcier ? Vous êtes bien trop gentil en disant cela, un mot de trois lettres suffit.
      Ils sont trop forts non content d’avoir subit le renflouement des banques, ils continuent à leur filer des raisons de faire de l’argent facile.
      Il faut qu’ils se réveillent ces politiques, qu’ils arrêtent de se croire à la tête d’une SARL sous couvert de l’administration judiciaire de banques….

    2. Merci M. Leclerc pour cette précision sur la notion de ‘prime-broker’ des banques d’affaires.
      Je souhaiterai savoir si sans l’intermédiation que ces banques offrent aux hedge funds il était possible à ces derniers d’agir sur les marchés des obligations.

    3. D’une manière générale, les hedge funds sont les clients des prime-brockers, auprès desquels ils se financent. Dans le cas présent, comment savoir ?

    4. Au moins, là, les choses sont claires dans les propos : M. Jouyet parle bien d’hedge funds, à la différence de M. Ricol qui ne les avait pas cité nommément.
      http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRLDE6190BW20100210

      Une remarque intéressante :
      «  »Objectivement, c’est plus immoral qu’illégal, c’est un des problèmes et une des lacunes qu’il faudra combler dans les futures réunions du G20″, a-t-il ajouté. »

      M. Joyet met le doigt sur le point sensible : la relation entre légalité et moralité, ce qui a à voir avec la notion de justice mais aussi de légitimité.
      S’il existe une hiatus entre légalité et moralité, il est donc nécessaire de mettre en concordance ces deux notions.
      Soit nous acceptons qu’une moralité faible concordante à une légalité faible (des dispositifs légaux faibles) puisse perdurer, ce qui est le cas actuellement et qui provoque une crise ‘multi-directionnelle’ (financière mais aussi politique, sociale et philosophique).
      Soit nous élevons le ‘niveau’ de légalité au niveau moral souhaité et implique dans ce cas que des dispositifs légaux soient mis en place, en concordance avec ce niveau moral.

      Mais vouloir moraliser sans vouloir légaliser n’a aucun sens.
      Encore moins avec le G20.
      Ce qui était quand même le cas jusqu’à maintenant de toutes les actions engagées, internationales et nationales, sur la crise financière. Notamment en France, avec la ‘moralisation du capitalisme’, chère à Sarkozy.

      Soit on continue sur cette voie et tout continuera à se dégrader.

      Soit on engage d’autres actions, de mises à niveau des dispositifs légaux.

      PS : la Cour des Comptes a sorti hier son rapport annuel 2010. Dans lequel il critique l’inefficacité de la Charte signée par les banques concernant les emprunts toxiques délivrés aux collectivités locales.
      Qu’est-ce qu’une Charte ? Un engagement moral uniquement, en l’absence de dispositifs contraignants (légaux, contractuels). A la différence des lois et règlements. Un an après, la Cour des comptes qui effectue le suivi de ses recommandations constate qu’on en est toujours là : des Chartes morales sans effets.

  29. Si je comprends bien, pour sauver l’Euro, il y a une condition absolument nécessaire et très probablement suffisante: casser les reins de Goldman Sachs, le grand manipulateur.
    Bon courage monsieur TRICHET!

  30. Depuis le début de la semaine, en attendant le sommet européen de jeudi, les journées sont bien remplies afin d’improviser une solution à l’assaut spéculatif que connaît l’euro, qui a atteint de plein fouet la Grèce et menace le Portugal et l’Espagne.

    Le discours des Allemands est en train de changer, ce qui ne signifie pas qu’une solution a été trouvée. Ceux-ci ont enfin pris la mesure des événements et compris qu’ils n’avaient pas le choix et devaient intervenir. La question n’étant plus d’aider ou non les grecs, mais de contenir et de réduire l’offensive en cours.

    Mais tandis qu’à l’extérieur de la zone euro on suggère l’intervention du FMI, un tour d’horizon des solutions disponibles avec les moyens propres des pays membres a été engagé en son sein. Les Allemands ont signifié qu’ils seraient même susceptibles d’intervenir seuls, si aucune aucune possibilité n’était dégagée. Les Français semblant en retrait.

  31. @ F. Leclerc :
    « L’arbre qui cache la forêt » :
    http://www.pro-at.com/analyse-bourse/technique-L-039-arbre-qui-cache-la-foret-4-9637.html
    On atteint selon les calculs de l’auteur des niveaux de dettes équivalentes aux US aux temps de guerre 41-45 !
    De même, l’Italie est largement oubliée des médias concernant l’endettement (> 100%).

    Mais c’est surtout la suite qui est intéressante, sur la comparaison Grèce/Californie : 0,6% PIB mondial / 3%.
    Et PIMCO de parler d’une augmentation de 97% du coût de l’assurance de la dette de l’état de Californie, également très touchée par les CDS !
    Sur contre-info, ils en ont publié un peu plus : http://contreinfo.info/breve.php3?id_breve=8651
    Selon Bloomberg, le ‘spread’ entre les bons de l’état et ceux du Trésor américain atteindrait 3,15%, soit proche des sommets atteints par le spread entre la Grèce et l’Allemagne pendant la crise.

    La Californie, c’est chaud !!

    PS : selon l’auteur du blog cité, il calcule qu’une dégringolade du CAC (carrément 1000 points) devrait intervenir en mars, selon le ‘décompte de Lindsay’ (???) …

  32. Autre paramètres ( source Financial Times Deutschland ): 77% de la dette grecque est entre les mains d’investisseurs étrangers

    Exposition des banques étrangères selon les chiffres de la BIS

    1. Banques France: 75 mds de $ ( toujours dans les bons coups )
    2. Banques Suisss: 64 mds de $ ( 12 % du PIB )
    3. Banques Allemagne: 43.2 mds de $

    1. @ charles :
      vu ces chiffres sur FT (http://www.ft.com/cms/s/0/8038d17e-167d-11df-bf44-00144feab49a.html).
      Et quand on lit les montants, en valeur absolue, des obligations détenues par ces grandes banques, on prend peur : 50 … 150 milliards d’euros pour certaines !!
      Les banques françaises détiendraient 11% de la dette grecque totale et les banques allemandes 9%. Mais il est nécessaire de signaler que ces mêmes banques détiennent aussi (à 72% pour Emporiki par ‘casa’, 4ème banque en Grèce) une bonne partie du secteur bancaire de Grèce … qui détient 30% des obligations !
      On augmente donc forcément le degré global d’exposition pour les banques étrangères.
      « “We therefore see a greater risk for European banks which own Greek subsidiaries, such as Crédit Agricole, as these subsidiaries are likely to suffer from weak volume growth, weaker margins and higher credit costs. »

      Ces mêmes dettes des banques françaises représentent 25% (!) de la dette grecque détenue par des ‘étrangers’ (302 milliards) mais plus encore si l’on ne tient compte que de la dette détenue par des banques étrangères : 75 milliards sur 250 milliards, soit …30% (!!).
      Si on y ajoute la dette détenue par les banques suisses et allemandes, on obtient 73% du total de la dette détenue par des banques étrangères (et non pas 77% de la dette grecque, comme tu le disais charles).
      Sources : BIS, Table 9B. (http://www.bis.org/statistics/provbstats.pdf)

      Je continue à être persuadé que les banques étrangères, notamment françaises, ont partie liée, au moins, dans l’origine de la crise.
      Car, je repose la question : à qui profite le crime ?
      A priori, à ceux qui détiennent le plus d’obligations grecques. Dans en premier lieu, selon les données indiquées sur le graphique de FT, au Royaume-Uni et à l’Irlande (23%). Ce qui pourrait valider l’origine des ‘attaques’ spéculatives indiquées comme provenant d’hedge funds basés à Londres ou de GS. Mais les principales bénéficiaires de ces ‘attaques’ sont les banques grecques en premier lieu (30%), dont un bonne partie appartiennent aux banques étrangères françaises, suisses et allemandes, ainsi qu’à ces mêmes banques.

      Personnellement, je pense que cela leur permet d’augmenter les taux d’intérêts des obligations et donc leurs ressources financières, que ce soit par les intérêts versés ou par les CDS si ces banques se sont couvertes sur le risque. Or, les ‘déboires’ des banques grecques, notamment Emporiki, sont connues et ont ‘forcé’ leurs propriétaires à remettre au pot à de multiples reprises (plus d’un milliard pour ‘casa’ en quelques mois), pour consolider leurs actifs.
      La crise grecque est donc une très bonne ‘opportunité’ pour ces banques françaises d’avoir à éviter à remettre au pot en cas de défaillances supplémentaires et peut-être même ‘avoir un retour sur investissement.
      D’autre part, sur le sujet, il me semble que la BCE a aussi des ‘choses’ à dire quant à la crise, étant donné qu’il leur est difficile de dire qu’elle n’était pas au courant : près de 9% des actifs des banques grecques sont constituées d’obligations de la BCE, soit le % le plus élevé de l’UE (et de loin). M. Trichet, un commentaire ?

      Enfin, je signale que peu d’articles dans la presse française et allemande, en dehors de FT par exemple, ont parlé de ces infos. Etrange, non … ?

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